Questions diverses.
Nous sommes intervenus sur les concertations menées actuellement sur la petite place de la Croix-Rousse et le Cours d'Herbouville.
Sur la petite place de la Croix-Rousse, je suis intervenu en ces termes :
"Je me suis
rendu récemment à une présentation du bilan de la concertation et de
l’expérimentation concernant l’aménagement de la petite place de la Croix-Rousse. J’ai écouté
attentivement l’intervention de Michel le Faou, vice-Président à l'urbanisme de la Métropole,
son approche sur le nécessaire équilibre entre les usages dans l’espace public.
Puis la vôtre.
Vous avez
repris la tonalité de son discours, faisant implicitement acte de contrition
pour la concertation de la place des Tapis, réduite selon votre propre
expression, à un parti pris.
Vous avez également dit : il ne faut pas une
vision binaire, opposant les usages. Oui, en effet : opposer les usages revient
en définitive à opposer les usagers : le cycliste, l’automobiliste, le piéton,
l’habitant, le commerçant ; oubliant une évidence : ce sont souvent les mêmes
personnes. Dans tous les cas, elles doivent cohabiter dans l’espace public.
Hormis une
petite pique, sans doute à l’attention de votre opposition, j’ai donc été plutôt satisfait de votre
nouvelle approche. J’espère qu’elle vous inspirera pour les derniers mois de
votre mandat, notamment pour le réaménagement du Cours d’Herbouville dont nous
parlera Emmanuel Hamelin dans quelques instants.
Nous
attendrons donc de lire vos propositions - sans doute dans la presse - pour ce
petit espace (1650 m2) où nous devrions retrouver beaucoup de choses, tant les
usagers sont nombreux.
D’ici là,
j’ai trois questions :
1ere question
: Sur le coût de cette phase de concertation et d’expérimentation, vous
annoncez 300 000 euros comprenant les études préalables, la démarche
participative, l’expérimentation de scenarii d’aménagement in situ, et la
réalisation de travaux.
Pour ces
derniers, la lecture de la délibération du 27 avril 2018 à la Métropole nous
informe qu’il s’agira de travaux légers et provisoires permettant
d’expérimenter. Rien de définitif, a priori.
S’agissant
des études, elles s’élèvent à 94 000 euros.
Reste donc
206 000 euros de frais de concertation et d’expérimentation ; avant tout aménagement de la place. Avons-nous bien compris ? A ce prix-là, pourra-t-on
avoir accès aux rapports finaux ?
Deux
remarques, en complément :
Je
comprendrais tout à fait que cette question du coût puisse vous sembler futile.
206 000 euros, cela représente 0,006% des 3,4 milliards de budget de la
Métropole. Pour vous, cela passe sous le radar. Mais, pour « ceux qui ne sont
rien » ou en tous cas pas grand-chose, c’est beaucoup.
200 000 euros
(je vous fais grâce des 6000), c’est juste 15 ans de travail au SMIC et des
fins de mois difficiles. Ce sont des
taxes, impôts et prélèvements qui sont autant de sommes amputées aux dépenses
privées (qui se réduisent) ; celles précisément qui font vivent les commerces
et les forains autour de cette place.
2ème question
: A l’heure des gilets jaunes et d’un impératif qui est celui de la
réduction des dépenses publiques, ne pouvait-on pas concerter et expérimenter
de façon plus économe ?
Une piste :
la Ville de Lyon et la Métropole comptent pas moins de 17 000 agents, pour
certains très qualifiés et expérimentés en matière de concertation : on ne
pouvait pas leur confier cette tâche ? Fallait-il vraiment l’intervention de
prestataires extérieurs (urbanistes, spécialistes de la concertation,
spécialiste du design, sociologue, …) ?
Dernière question :
à quelques mois d’une échéance municipale où tout est de plus en plus ouvert,
ne craignez-vous pas que cette opération apparaisse comme un coup de pub
électoraliste payé sur fond public ? "
Mon intervention a été suivi immédiatement de celle d'Emmanuel Hamelin sur la concertation concernant l'aménagement du Cours d'Herbouville, en ces termes :
"Vous avez
organisé une réunion de concertation le 14 Novembre 2018 sur le Cours
d’Herbouville. J’ai assisté à cette réunion, et
je dois dire que son déroulement a quand même montré les limites d’un exercice
qui confronte les avis des habitants et riverains vivant au quotidien les
impacts liés à l’aménagement du cours, avec des intervenants extérieurs qui
pour la plupart n’habitent pas sur le Cours mais veulent imposer à leurs résidents
une ville idéale, sans
voiture ni pollution.
Je veux
croire que votre souhait est de prendre en compte toutes les attentes, y
compris, et je dirai surtout, celles de la communauté qui habite réellement sur
le cours et qui est directement impactée par vos choix, et que ceux-ci sont
dictés par l’intérêt général, au-delà de tout intérêt politique ou
préoccupations électorales.
Durant la
réunion, deux problématiques ont été soulignées pour l’essentiel par les
habitants : le stationnement et la pollution.
A ce
sujet, je m’étonne que vous refusiez de faire un comptage des voitures
stationnées en soirée, comptage réalisé à de nombreuses reprises par le
collectif d’Herbouville et qui prouve le manque de places de stationnement…
Vous vous
êtes limité à un décompte à 7 heures du matin… Décompte qui n’a aucun intérêt
puisque c’est l’heure où les gens partent travailler. Pourquoi voulez-vous
absolument prouver par des chiffres erronés qu’il n’y a besoin que de 195
places alors qu’il y a 50 véhicules de plus qui cherchent une place chaque nuit,
et que de nombreux habitants peuvent témoigner avoir des difficultés à trouver
du stationnement en soirée ?
Ce refus
de baser une analyse sur des données chiffrées, objectives et incontestables
est pour moi incompréhensible, à moins qu’il soit dicté par d’autres
considérations….
Vous nous
dites depuis 2016 être en situation de concertation régulière avec les
habitants. Je rajoute, « et bien au-delà »
Vous
proposez aujourd’hui trois scénarios. Je ne comprends pas pourquoi car vous avez déjà écarté depuis
longtemps le premier et que tout le monde sait que votre préférence va vers le
3ème… Alors pourquoi
cette concertation? est-ce un prétexte?
La réalité
est qu’aujourd’hui, 87% des foyers qui se sont exprimés lors de la dernière
étude du collectif d’habitants sont toujours opposés au scénario 3, et si vous considérez les 114 foyers
qui déclarent un véhicule sans parking privatif, le taux de rejet du scénario 3
est de 94 %.
Vous nous
avez expliqué que c’était
de votre responsabilité d’élu de prendre une décision. Mais prendre une décision aussi
massivement rejetée par les habitants concernés me fait penser à une situation
nationale que nous connaissons tous…
L’autre
problématique soulevée par les participants est le problème de la pollution.
Beaucoup
ont suggéré
de profiter des travaux afin d’étudier la pérennisation d’une circulation
à une voie sur le Nord du cours. Cet essai aurait permis de juger de l’impact
d’un
tel aménagement. Vous l’avez refusé…
Ensuite,
il serait stupide de vouloir réduire la pollution en réduisant uniquement le
stationnement. Les gens qui ont un besoin impératif de voiture ne feront que
tourner et retourner en soirée avec un effet direct et négatif sur la
pollution.
Nous ne
pouvons donc qu’insister sur l’intérêt de profiter de ces travaux afin
d’envisager une expérimentation
ambitieuse de circulation et de ne pas se limiter à une simple approche
restrictive et punitive du stationnement.
Je prends
bonne note que vous vous refusez à envisager le scénario 1, bien que soutenu par
61% des participants à l’étude. Je le regrette.
Votre
préférence sur le scénario 3 totalement punitif est inacceptable pour la
quasi-totalité des habitants comme l’étude l’a montré.
Un scénario
2 aménagé pourrait
être une solution cohérente de compromis dans un premier temps. Nous vous
rappelons que lors de la présentation des 3 scénarios en 2016, vous aviez
clairement indiqué que cela pourrait être un processus évolutif sur les 15 ans
à venir.
Pourquoi
ne pas partir sur ce scénario 2 tout en prévoyant de lancer à l’issue des
travaux des expérimentations
de circulation qui dans une prochaine étape pourraient ouvrir d’autres perspectives
d’aménagement de surface?
Ce
scénario 2 respecterait à minima les attentes des habitants, s’intégrerait dans
une politique de réduction de l’espace dédié aux voitures avec plus de 30% de
places en moins, tout en assurant un espace de circulation sécurisée aux
cyclistes et aux piétons.
J’ose
espérer que votre choix sur le cours d’Herbouville ne se fera pas au détriment
des habitants et que leur parole sera entendue. En ce qui nous concerne, nous y
seront très attentifs ".
La réaction de David Kimelfeld qui s'est refusé à répondre sur le fond à nos questions, est à l'image du personnage à ses pires moments : méprisant.
Il m'a qualifié de "populiste", ce qui n'est pas un compliment républicain !
Sans doute mes questions lui ont-elles fait perdre le sens de la mesure ; ou est-ce la fatigue liée à un cumul d'activités politiques qui l'ont conduit à perdre son sang-froid ?
En bon démocrate, David Kimelfeld n'a pas accepté que je lui réponde. Je lui ai donc promis une réponse écrite. Ainsi, la lettre ouverte suivante ne manquera pas d'aplanir nos différends.
Le Progrès de Lyon s'est fait l'écho deux jours plus tard de ces excès ; interprétant un soi-disant mouvement de tête de ma part. Par lettres recommandées, j'ai demandé un droit de réponse au Progrès de Lyon, en vertu de l'article 13 de la Loi de 1881 qui a été publié le 15 décembre.
La réunion s'est terminée vers 19 heures 30.
Bonnes fêtes de fin d'année à tous.