En cette veille d'épiphanie, je dévore - bien que repu par une galette des rois digne de notre prospérité passée - le dernier opus intitulé "Budget primitif 2015 - rapport du maire" ; histoire de préparer la prochaine Commission des finances de la Ville de Lyon, convoquée le 5 janvier après-midi.
Un rien indigeste, la lecture de ce satisfecit de 86 pages me plonge progressivement dans cet état de somnolence bienheureuse qu'on nomme sieste dominicale. Quand soudain, mon esprit amadoué par tant d'informations optimistes croise le nombre prévisionnel d'Equivalents Temps Plein (ETP) par direction. Et quelle n'est pas ma surprise de découvrir le chiffre de 117,8 ETP pour le seul cabinet du maire de Lyon. En nombre d'agents, cela peut représenter aisément 130 salariés et, par comparaison, un tiers des effectifs de la direction des "Espaces verts" de la Ville (381 ETP en 2014) !
Mais que font toutes ces personnes ?
Je vais illico presto à la page 31 du document qui évoque quatre programmes :
- Relations publiques : la "Commission réception qui analyse et arbitre préalablement toutes les demandes de prise en charges de frais ou de prêt de salons" et gère le budget affecté aux inaugurations et autres poses de première pierre...
- le "Collège d'éthique de la vidéo-surveillance des espaces publics"...
- le "Conseil lyonnais pour le respect des droits", logé manifestement ici pour des raisons juridiques et budgétaires...
- Déplacements officiels (la seule information est que "le calendrier des déplacements officiels est pour l'instant non arbitré")
Les chiffres clés annoncent par ailleurs 221 visites guidées des salons de l'Hôtel de Ville et 380 réceptions, soit 601 activités.
Je tente un raisonnement :
Une dizaine de collaborateurs (directeur, chef de cabinet, conseillers techniques, chargés de mission...) pour le cabinet politique du maire d'une grande ville devrait suffire, sachant que ce dernier, président de la métropole, en a sans doute autant à sa disposition au Grand Lyon.
130 - 10 = il reste 120 salariés
Les relations publiques, assurées par des agents travaillant entre 150 à 200 jours/an, nécessitent, au mieux et en garantissant une continuité du service, une trentaine de salariés (30 X 180 = 5400 jours/homme, soit près de 9 jours pour chaque activité de relations publiques décrite précédemment !). Je fais évidemment abstraction des 15 ETP qui seront affectés cette année au protocole, 10 aux animations évènementielles et les 24,4 à la communication externe de la Ville de Lyon.
120 - 30 = il reste 90 salariés
Admettons que, toujours dans un excès de générosité, la Commission réception, le Collège d'éthique et le Conseil Lyonnais nécessiteraient 10 ETP chacun pour fonctionner tout au long de l'année.
90 - 30 = il reste 60 salariés.
Que font, au vu des informations communiquées par ce rapport, les soixante salariés restants ?
En tant qu'élu d'arrondissement, est-ce permis de poser cette question ? Est-ce envisageable d'accéder à ce type d'informations ? Pour ce faire, faut-il s'adresser au contrôle de gestion interne (11,4 ETP), à la direction des ressources humaines (15,4 ETP) ou celle des emplois et compétences (131,7 ETP) ? Faut-il que je demande à la mission Organisation et Méthodes (2 ETP), à cette autre direction qui se nomme "Ressources et contrôle de gestion" (11,6 ETP) ou plus directement à la direction générale des services (15,6 ETP) ? A moins que la Gestion administrative des personnels (48,7 ETP) voire la direction "Relations Sociales et Vie au travail" (33,8 ETP) soient mieux placées pour me répondre.
Au-delà, est-ce autorisé d'imaginer le redéploiement de l'éventuel sureffectif du cabinet "King Size" du maire de Lyon vers les directions qui perdent des personnels ? Celles-ci sont rares (puisqu'on notera 88 ETP supplémentaires au total, pour atteindre le chiffre prévisionnel record de 6966,7 ETP) mais y figurent notamment la direction "Economie, commerce et artisanat" qui passe de 54 à 50 ETP... ou les affecter à la direction "Service au public et sécurité" qui ne comptera en 2015 que deux temps plein ?
NB : La fermeture de l'internat Favre, dans le 4ème, représente selon M. Brumm, adjoint aux finances, une "économie" de 1,4 M€ ? En comparaison, que représentent les budgets relatifs à ce cabinet "King Size" ? Il y avait peut-être d'autres sources prioritaires d'économie que celle qui consiste à faire disparaître un établissement accueillant des enfants en difficultés éducatives et sociales.