Cours d'Herbouville : claque de fin pour une pseudo concertation ?
La concertation publique sur l'aménagement du Cours d'Herbouville (Lyon 4ème - côté Rhône) n'en finit pas d'exaspérer une grande partie de ses habitants qui dénoncent depuis plus de trois ans une pseudo concertation.
Témoignage de Maxime d’Epenoux, animateur du collectif de défense des usagers du Cours d’Herbouville.
"L’abattage des arbres sur la partie nord et l’interdiction quasi-totale de
stationnement à dater de cette semaine jusqu’à fin juillet inaugure la phase finale du processus
d’aménagement du cours qui a débuté il y a plusieurs années.
A l’issue de la pseudo réunion de « concertation » de novembre
dernier, le maire du 4eme arrondissement s’était engagé à nous informer de sa
décision finale. Encore une promesse oublié.
Nous devrons donc nous contenter de ses déclarations dans la presse où bien
entendu Monsieur Kimelfield y reconfirme sa décision de choisir l’option 3 ; option rejetée par la quasi-totalité des riverains lors de l’enquête menée par
le collectif et ouverte à l’ensemble des usagers (13% pour l’option 3 et 87 %
contre).
Compte tenu de la fumisterie qu’a été cette réunion de
« concertation », nous avions bien compris que, de toute façon, les
souhaits des habitants ne pèseraient pas lourds face aux éventuels arrangements
électoraux locaux à l’approche des prochaines élections. Nous avons appris par
la suite que la « ville à vélo » qui avait refusé de rencontrer notre
collectif avait appelé ses adhérents à noyauter cette réunion. Peut-être
Monsieur Kimelfield ne le savait-il pas … Mais lorsque des habitants du Cours
se sont étonnés lors de cette réunion publique de voir la parole distribuée de
façon assez partiale par le maire à des intervenants qui manifestement ne
connaissaient pas les problèmes des riverains, il leur avait été répondu que
c’était normal puisque les habitants du Cours se mêlaient des aménagements en
dehors du cours. Comme quoi la mauvaise foi en politique est sans limite !
Malgré ça, nous avons essayés de promouvoir une solution de compromis en
soutenant le scénario 2 qui n’était pas un souhait majoritaire mais qui pouvait apparaître comme un moindre mal et un consensus supportable par tous.
Contrairement à Mr Kimelfield dont la seule obsession semble être de
vouloir taper sur les habitants qui ont besoin de se garer, nous avions insisté
sur une approche globale avec un partage de l’espace et la prise en compte des
problématiques de pollution sur le cours qui est l’artère la plus polluée de l’arrondissement.
L’essai imposé de circulation à 1 voie depuis plusieurs mois en raison des
travaux pouvait ouvrir la voie à un autre scénario qui aurait permis de
maintenir un stationnement décent, d’avoir une vraie desserte vélo plus
pratique pour les riverains, de sécuriser la circulation des voitures et des
piétons, de réduire la pollution, de sortir le cours de cet aspect d’autoroute
urbaine et donc d’arriver à un meilleur cadre de vie qui aurait pu bénéficier à
tous, riverains et commerçants.
Depuis 2016, Monsieur Kimelfield et son équipe nous ont reçus à plusieurs
reprises sans jamais prendre en compte la moindre de nos remarques. Force est
de constater que la concertation version 4ème n’est que d’apparence et le
projet final validé par le maire est exactement à la virgule près celui qu’il
avait choisi en 2016 déjà contre l’avis des riverains et qui avait entraîné la
formation du collectif.
Qu’un maire fort de sa fonction d’élu s’autorise à prendre des décisions
unilatérales sous la pression entre autres de minorités agissantes n’est pas
nouveau dans notre pays, même si le « fait du prince » passe de plus
en plus mal dans l’opinion publique.
Qu’un élu tolère des expressions tronquées des riverains comme lors de la
dernière réunion dite de concertation ne surprendra pas grand monde dans notre
démocratie bien fatiguée. Chacun a bien compris que le « nouveau
monde » dont certains font un argument politique n’est qu’un lifting de
pratiques qu’on aurait cru d’un temps révolu.
Mais qu’un élu passe des petits arrangements avec la vérité aux mensonges
publics pour justifier ses décisions est
beaucoup plus choquant. Dans le contexte politique national, il est assez
irresponsable que des élus locaux qui aspirent à des responsabilités
importantes se prêtent à ce type d’attitudes qui ne peut que dévaloriser encore
plus la parole politique.
C’est pourtant ce qu’a fait Monsieur Kimelfield dans un article paru dans
le Progrès 2 jours plus tard le 14 Décembre afin de justifier sa décision. Ses
arguments sont tout simplement factuellement faux et il ne peut l’ignorer.
Les objectifs justifiant le choix du maire seraient de « sécuriser
les piétons, améliorer la qualité de vie, végétaliser le cours et permettre une
meilleure circulation des vélos » .
Sécuriser les piétons : La sécurisation passe par le feu tricolore, la réduction de la
vitesse des voitures et une voie cyclable pratique afin que les 2 roues ne
fassent pas du rodéo sur le trottoir. La solution du collectif passant par la
réduction de la circulation permettait une vraie voie vélo bidirectionnelle
plus proche des immeubles. L’option retenue est au contraire accidentogène pour
les piétons. Qui peut raisonnablement imaginer qu’un vélo sortant du tunnel
mode doux va remonter jusqu’au début du pont, puis redescendre le long de la
voie d’accès au cours, prendre la voie bus/vélo sud Nord, puis retraverser le
nouveau feu tricolore pour prendre finalement le terre-plein Nord ? Chers
amis piétons, préparez-vous à accueillir vélos et trottinettes sur vos
trottoirs.
Améliorer la qualité de la vie : On imagine que le maire fait allusion à ce superbe terre-plein Nord
qui va permettre aux familles de s’égayer joyeusement entre 2 x 3 voies de circulation sur
l’artère la plus polluée de l’arrondissement… Une vraie amélioration passait
par une régularisation de la circulation qui de facto réduisait pollution de
l’air, sonore, visuelle et olfactive. Cela permettait un vrai partage
intelligent de l’espace et un mieux vivre pour tous qui aurait pu relancer une
vraie vie locale.
Végétalisation : Notre option maintenait une bande de végétalisation sur deux et
n’empêchait pas la replantation d’arbres. Et au final le bilan aurait été
positif avec la réduction de la circulation et de la pollution.
Circulation des vélos : Cf. notre remarque ci-dessus. On peut d’ailleurs remarquer que les
cyclistes riverains n’ont pas été pris en compte puisque venant du Sud, il va
falloir qu’ils fassent tout un tour côté fleuve pour arriver chez eux, à moins
de remonter le trottoir piétons. Alors que les propositions du collectif
permettaient une vraie piste sécurisée bidirectionnelle beaucoup plus
près des immeubles.
Je passe sur différentes propositions du collectif jamais reprises par la
mairie comme un stationnement uniquement nocturne au nord, le maintien de
places de co-voiturages et électriques sur le terre-plein Nord… Il est
d’ailleurs intéressant de noter que la mairie du 4eme se bat actuellement avec
celle du 1er pour autoriser un stationnement nocturne sur le
boulevard de la croix rousse. Qu’on soit loin ou près de la mairie semble donc
influer sur la position du maire.
Dans cet article, Monsieur Kimelfield traite le collectif avec un dédain
qu’un élu de la République devrait éviter avec ses propres administrés. La
défunte association « O Ce Cours » n’ayant pas défendu les riverains
en 2016, l’essentiel de son équipe dirigeante et de nombreux habitants ont
monté ce collectif en quelques semaines à la rentrée 2016 soutenu par des
centaines d’habitants et la quasi-totalité des commerçants.
Dire qu’une centaine d’habitants craint un problème de stationnement est un
mensonge. Plus de 150 foyers ont participé à notre étude ouverte à tous dont
87% sont opposés à l’option du maire. Cela représente plus de 400 personnes.
Nous avions d’ailleurs proposé au maire de faire faire une vraie consultation
des riverains pour connaitre l’avis général. Pour une très faible portion des
sommes dépensées en concertation par exemple pour l’aménagement de la place des
Tapis, le maire aurait eu le plaisir de vraiment connaitre l’avis général. Il
n’a pas donné suite.
Le maire parle encore de 200 places nécessaires selon les décomptes des
services de la métropole. C’est un autre mensonge. Trois relevés nocturnes ont
été faits par le collectif avec les mêmes résultats de 240 à 250 voitures
stationnées alors que stationnement était déjà parfois difficile. Lors d’une
réunion préparatoire fin octobre, l’équipe de la mairie avait confirmé qu’ils
feraient un décompte nocturne qui n’a jamais été fait. Le technicien vélo a
reconnu lors de la réunion en novembre que leur décompte avait été fait le
matin alors que des riverains sont déjà partis au travail. Même si ce décompte
nocturne aurait pris 10 minutes à un technicien, notre collectif a proposé au maire
de le faire faire par un huissier à nos frais. Aucune réponse, bien entendu.
Le maire nous dit de ne pas avoir eu de remontées particulières de
problèmes pendant les travaux. Autre mensonge. Nous avons collecté des dizaines
et des dizaines de témoignages que nous avons intégralement transmis au cabinet
du maire, comme diffusé à chacun d’entre vous. Que le maire n’ait pas pris la
peine de lire les 73 témoignages collectés par notre collectif est une chose,
qu’il raconte ne pas en avoir eu en est une autre !!! Sans doute
a-t-il préféré retenir les affirmations de la présidente du conseil de quartier
Croix Rousse Est qui affirmait qu’il y avait beaucoup de places libres le matin
quand elle partait travailler. Sans doute pensait-elle être la
seule à partir au travail le matin, ce qui pouvait éventuellement
expliquer les places libres qu’elle voyait après 7 heures ?
Quant au soutien des commerçants à l’option du maire, j’invite chacun à
faire un tour des quelques commerces qui ont survécu à ce jour.
Tout ceci est bien affligeant. Quel gâchis !
Alors que la rénovation du cours aurait pu être un beau projet pour le bien
de la communauté, nous n’avons été qu’un faire-valoir dans une situation
politique lyonnaise compliquée.
Par correction, ce courrier est envoyé à Mr Kimelfield dont nous
n’attendons plus grand-chose. Nous mettons aussi en copie le cabinet du maire
de Lyon.
Il est en effet très étonnant et quelque peu décevant que la mairie
centrale ne se soit jamais mêlé de ce projet alors que nous sommes finalement
plus proches de la mairie centrale que celle du 4ème. Mr Kimelfield ne s’est
pas caché lors de nos échanges de ne pas pouvoir toujours respecter les
attentes des riverains compte tenu de sa double casquette de maire et patron de
la métropole. Finalement, si notre maire n’avait été « que » notre
maire, nous aurions pu espérer plus de considération pour les attentes de ses
administrés. Mais alors pourquoi le maire de Lyon ne pourrait pas
intervenir afin d’éviter un véritable déni de démocratie ?
Bien entendu, nous sommes à l’entière disposition de Mr Collomb pour le
rencontrer.
Pour conclure, nous vous rappelons que le stationnement sur 4 lignes sur 5
sera interdit à partir de cette semaine jusqu’à fin Juillet. Ci-joint une photo
des panneaux courageusement déposés par un employé vendredi soir très
discrètement à 20H15. Mais rassurez-vous, Monsieur Kimelfield a déclaré dans
son interview « être totalement serein sur le bazar à venir sur le
cours ». Si vous lui faites confiance, vous n’avez donc aucune
raison de vous inquiéter.
Maxime d’Epenoux
Pour le collectif de défense des usagers du Cours d’Herbouville "
Il est à craindre que le Cours d'Herbouville paie l'addition d'une stratégie de conquête de l'électorat écologiste par David Kimelfeld dans sa quête de la présidence de la métropole en 2020. Le maire du 4ème aurait-il fait les mêmes choix s'il devait se représenter devant les électeurs du Cours d'Herbouville dans douze mois ?